vendredi 18 mai 2018

Message 8 aux élus de Noisy le Sec - Linky, Le principe de précaution bafoué

Monsieur le Maire,
Mesdames et Messieurs les Conseillers,
Vous n'êtes pas sans savoir que le rapport de l'ANSES intitulé "Radiofréquences et santé" (mai 2017, https://www.anses.fr/fr/system/files/CDLR-mg-RadiofrequencesetSante9.pdf) met ouvertement le doigt sur les dangers des champs électromagnétiques - ceux liés à l'utilisation des téléphones portables, des antennes relais et de toute sorte d'appareils à l'origine de perturbations sur le plan sanitaire. Le compteur Linky - dont la deuxième génération devrait en plus être doté d'un Émetteur Radio Linky (ERL) - fait baigner nos logements dans un flux constant de radiofréquences de 75 Khz émises par le courant porteur en ligne (CPL) injecté dans des réseaux électriques domestiques non blindés, prévus pour supporter un courant à 50 Hz. Ce qui, en équivalence en termes de poids, revient à faire supporter 75 kg à un support prévu pour 50 g.
Avec les précautions de langage qui s'imposent dans un rapport officiel, l'ANSES déclare que "de manière générale, les évaluations de risques qui s’appuient sur ces travaux ne concluent pas à un risque associé aux ondes électromagnétiques, mais ne peuvent conclure quant à l’absence d’un risque" (p. 8). Mais ajoute plus explicitement : "Le Centre international de recherche sur le cancer (CIRC) a classé en 2011 les champs électromagnétiques de radiofréquences dans le groupe 2B comme pouvant être cancérogènes pour l’homme, sur la base d’un risque accru de gliome, associé à l’utilisation du téléphone sans fil. Cette classification a marqué un tournant dans l’évaluation des risques sur ce sujet. Comme l’a souligné Christopher Wild (Directeur du CIRC) : 'Étant donné les implications de cette classification et de ces résultats pour la santé publique, il est crucial que des recherches supplémentaires soient menées sur l’utilisation intensive à long terme des téléphones portables'" (p. 9).
Dans les pages suivantes du même rapport - où sont reconnues la faiblesse des études actuellement disponibles et notre mauvaise connaissance des effets des champs magnétiques sur l'organisme humain - on trouve une sévère mise en garde contre les effets des ondes notamment sur les enfants. En particulier en cas de proximité de l'émetteur et de longue durée d'exposition : le compteur Linky n'est pas nommé, mais on dirait bien que c'est de lui qu'on parle.
Et que dire du "respect des normes" dont se prévaut Enedis pour parler d'innocuité du Linky quand on sait que les normes ont été établies précisément pour ne jamais pouvoir être dépassées (cf. "Ondes électromagnétiques: une pollution invisible, par Olivier Cachard, Le Monde diplomatique, février 2017) ?
S'il est un élément qui parle tout seul, c'est bien le développement exponentiel du syndrome d'électrohypersensibilité (EHS) au sein de la population. L'appel des médecins et professionnels de santé en faveur d'une reconnaissance officielle de l'électrohypersensibilité (EHS), lancé à l'occasion du colloque du 11 février 2016 à l’Assemblée nationale, a d'ailleurs sonné l'alarme  (https://www.poal.fr/blog/electro-hypersensibilite/appel-medecins-reconnaissance-de-lelectro-hypersensibilite), faisant écho à l'appel de Fribourg, lancé par des médecins allemands dès 2002 (http://www.priartem.fr/Appel-de-Fribourg.html).
Enfin, les 700.000 concentrateurs qu'Enedis prévoit de poser sur tout le territoire français, qui se comporteront comme autant de mini-antennes-relais, ne pourra que densifier sérieusement le brouillard électromagnétique dans lequel nous baignons déjà du fait de l'ampleur des télécommunications par voie satellitaire. Or force est de constater qu'aucune étude n'est disponible à ce jour - à notre connaissance - sur les effets cumulatifs de la pollution électromagnétique dans l'espace public comme à l'intérieur de nos logements.
Quand le scandale éclatera au grand jour, qui pourra dire : je ne savais pas ?
La stratégie appliquée par Enedis pour faire accepter son capteur ressemble fort à celle mise en œuvre par le lobby de l'amiante, qui a réussi à retarder l'interdiction de cette matière notoirement cancérigène des décennies durant. Elle correspond bien à ce qu'Annie Thébaud-Mony - directrice de recherche honoraire à l'Inserm et chercheuse associée au Groupement d'intérêt scientifique sur les cancers d’origine professionnelle à l'université Paris 13 - définit comme "paradigme du doute" dans son livre La science asservie : négation des "effets sanitaires de toxiques notoires" et "instrumentalisation de l’épidémiologie dans la construction de l'invisibilité des victimes des risques industriels" (p. 17-18).
Bien que le principe de précaution ait été intégré dans la Constitution, Enedis continue à le bafouer allègrement. La pose forcée des capteurs Linky continue, la propagande en faveur de ce programme ne se démentit pas, même si plusieurs médias ont commencé à prendre en compte certains des arguments des opposants.
Nous avons bien sûr noté que le conseil municipal de Noisy, par le vœu qu'il a adopté le 21 mai 2015 (p. 39 du compte-rendu : http://www.noisylesec.net/kiosque/_5617ad1408942.pdf), a fait preuve d'une certaine sensibilité aux problèmes que crée la multiplication des ondes électromagnétiques dans notre environnement quotidien, et nous osons toujours espérer qu'il ne s'agit pas là d'un simple vœu pieux.
Que comptez-vous faire concrètement, Monsieur le Maire, Mesdames et Messieurs les Conseillers, pour protéger la santé de vos administrés ?
Avec nos salutations respectueuses.
Le collectif anti-Linky de Noisy-le-Sec

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